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La chute de la France crée sur la planète une onde de choc, rarement décrite dans son ensemble. Le présent article esquisse un tour des grandes capitales et de certaines plus petites.
Le Sciumbasci (sergent) Ghebreselassié Beraki est né le 15 avril 1914 à Adinebri, en Érythrée. À 18 ans, il s’enrôle dans le Regio Esercito (Armée royale italienne) et devient un Ascaro, tirailleur indigène, nom venant du mot Ascar qui signifie « soldat » en arabe. Il jure alors fidélité à la couronne d’Italie.
Le Discours d’un roi, qui vient de sortir sur les écrans, fait brillamment émerger de l’obscurité le père de la reine Elisabeth. Mais l’Histoire ayant ses exigences que le cinéma ne connaît pas, voici le récit de l’entrée en guerre d’un roi timide et bégayant, destiné à devenir le plus grand monarque britannique du XXe siècle…
Mussolini compte sur les beaux jours du printemps et l’épaule allemande en Libye pour mettre fi n à la série de revers encaissés depuis le mois de novembre 1940. Mais une fois la présence germanique assurée sur l’échiquier méditerranéen puis balkanique, plus rien n’empêchera une prise en main unilatérale des opérations… La « guerre parallèle » se transforme alors en une « guerre subalterne », à laquelle l’Italie n’a plus les moyens de s’opposer.
Stratège génial selon les uns, dangereux trompe-la-mort pour les autres, le « renard du désert » fascine encore de nos jours. On sait maintenant que l’image policée de l’officier « ayant seulement fait son devoir » – un mythe nourri à l’Ouest pendant les années de guerre froide – ne correspond pas tout à fait à ce qu’il fit, à ce qu’il fut.
Yosuke Matsuoka (1880-1946), ministre des Affaires étrangères dans le cabinet Konoye, est l’artisan du pacte tripartite qui a rapproché son pays de l’Axe Rome-Berlin apparemment victorieux, le 27 septembre 1940. Au mois de mars de l’année suivante, il entreprend depuis la colonie japonaise du Mandchoukouo un voyage par le Transsibérien qui l’amène jusqu’à Rome, via Moscou et Berlin, puis revient par le même chemin. À l’aller, tout en jouissant du paysage sibérien, et de loisirs rares pour un ministre des Affaires étrangères en période de crise mondiale majeure, Matsuoka confie au petit groupe de diplomates japonais qui l’accompagne « comment il va mener comme des pantins et Hitler, et Staline ». À chacun de juger si ce fut le cas. Mais il est clair qu’à chaque étape, le sort du monde s’est joué et précisé.
La figure de Guy Môquet, inconnue du grand public, a été récemment proposée à l’admiration des Français par la plus haute autorité de l’État. Ce militant fusillé à Châteaubriant le 20 octobre 1941 à l’âge de 17 ans, alors que son parti avait pris la tête de la résistance à l’Occupant, avait été arrêté un an plus tôt dans des circonstances tout autres. Maintes recherches récentes aident à débrouiller cet écheveau.
L’opération allemande « Marita » contre la Grèce pour soutenir les Italiens déconfits à
l’automne, convenue avec Mussolini en janvier, se complique finalement d’une guerre-éclair
contre la Yougoslavie, qui a refusé d’adhérer à l’Axe. Plus tard, Hitler plaidera
volontiers que cette campagne a retardé l’offensive contre l’URSS, qui sans cela aurait
pu être victorieuse avant l’hiver. L’amour-propre des Serbes ou des Grecs relayera également le propos. En fait, cette nouvelle victoire-éclair porte le prestige militaire
de l’Axe à son zénith et fait, une fois de plus, douter le monde de la validité du choix
churchillien de continuation de la lutte. Elle permet aussi de leurrer Staline, qui peut
croire (et s’efforce de croire) qu’il n’est pas la prochaine cible et que ce mouvement
allemand vers le sud pourrait se prolonger en Méditerranée orientale.
Mais pour bien comprendre ce qui va se passer dans les Balkans au cours des quatre
années suivantes, il faut savoir ce qui s’y est passé pendant l’entre-deux-guerres. Les
frontières redessinées par les vainqueurs de 1918 étaient en butte aux revendications « révisionnistes » des vaincus, particulièrement la Hongrie et la Bulgarie, ainsi qu’aux
nationalismes frustrés comme celui des Croates. La France usait de son influence pour
maintenir le statu quo, mais quand elle fut affaiblie par rapport à une Allemagne en plein
redressement sous la férule d’Hitler, ce dernier fit grande pêche en ces eaux troubles.
Aux confins de l’Adriatique et des Balkans, là où avait éclaté la Première Guerre mondiale, un royaume des Serbes, Croates et Slovènes est fondé à l’issue du conflit. Sous la tutelle de la dynastie serbe des Karageorgévić, il s’installe sur les ruines de l’Empire austro-hongrois, mais également aux dépens de la Bulgarie et du Monténégro, lequel, indépendant avant 1914, se prononce en faveur du rattachement dès novembre 1918.
Depuis sa victoire sur la France en juin 1940, Hitler s’efforce de tisser le réseau d’alliances balkanique qui doit lui permettre de sécuriser son flanc Sud en prévision de l’invasion de l’Union soviétique. En tranchant le litige frontalier qui opposait Hongrie et Roumanie à l’occasion de l’arbitrage de Vienne, le Reich avait étendu son emprise sur ces deux pays, puis ce fut au tour de la Bulgarie de tomber dans son escarcelle après l’avoir incitée à adhérer au pacte tripartite le 1er mars 1941. Sur la carte européenne, ne restait alors plus aux Allemands qu’à « dompter » la Yougoslavie et la Grèce…