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Extrait de l'article :
Berlin
L’opinion publique allemande connaît un soulagement à la mesure du manque d’enthousiasme qu’elle avait manifesté pendant la drôle de guerre. La popularité du Führer est à son zénith et les sceptiques réduits à garder pour eux leur inquiétude. Hitler connaît dans les rues de Berlin le 6 juillet, lors de son retour du champ de bataille, un triomphe populaire et la cérémonie qu’il organise au Reichstag le 19, pour lancer un appel à la paix et promouvoir les généraux vainqueurs, est suivie avec ferveur par les familles rassemblées autour des récepteurs de radio. Cependant, dans les hautes sphères du pouvoir nazi, on commence alors à s’inquiéter que l’Angleterre n’ait pas l’air de vouloir négocier. La canonnade de Mers el-Kébir, en particulier, a jeté un froid : si Churchill est capable de se faire obéir quand il donne un ordre aussi impitoyable, et si ses compatriotes, loin de le traiter de fou, l’ovationnent, la date de sa chute devient fâcheusement imprévisible. Et ce n’est pas le fait de bombarder l’Angleterre, ou de tenter contre elle un difficile assaut, qui peut la faire plier à coup sûr : l’effet risque d’être inverse. Dès lors le plus sûr, pour rapprocher la fin de la guerre, semble être d’assaillir l’URSS, tant que Washington n’a pas d’armée, Londres guère plus et que la France est bien tenue en main par un Pétain docile. Dès le 13 juillet, Hitler en parle à ses généraux. Dès le 31, il leur ordonne de préparer contre la Russie une grande attaque pour le printemps suivant. La lettre mise en circulation le 15 juillet par le prince de Hohenlohe montre bien le désappointement des nazis et leur effort désespéré, en ce mois de juillet, pour trouver des interlocuteurs anglais bien disposés, en utilisant dans les pays neutres tous les canaux possibles –et en compromettant, une fois de plus, les conservateurs allemands dont le prince est un fleuron. Elle montre un Hitler persuadé de bien comprendre l’état d’esprit des peuples et de leur faire au bon moment des propositions acceptables, comme le prouve la cessation des hostilités en Hollande, Belgique et France. L’obstination anglaise est donc rapportée à la lourdeur d’un système politique qui empêche les décisions de bon sens de se frayer rapidement un chemin, ainsi qu’à des influences étrangères : par de telles considérations, la prolongation de la guerre est attribuée aux Juifs, comme l’avait été son déclenchement. [...]
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