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La chute de la France crée sur la planète une onde de choc, rarement décrite dans son ensemble. Le présent article esquisse un tour des grandes capitales et de certaines plus petites.
Du haut de ses 88 ans, Yves Guéna déroule un curriculum vitae des plus impressionnants - comptant parmi les
plus jeunes des premiers engagés de la France libre,
soldat du désert et des combats de la Libération,
décoré de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance, haut
fonctionnaire, rédacteur de la Constitution de 1958, plusieurs fois
ministre sous la Ve République - ce gaulliste historique se révèle également
actif sur le terrain de la mémoire : auteur d’ouvrages autobiographiques,
président de la Fondation Charles de Gaulle, président du Comité de
réflexion préparatoire aux commémorations des 70 ans de la Seconde
Guerre mondiale, Yves Guéna présente ici « sa » guerre, commencée
dans la foulée de l’Appel du 18 juin.
« Nazis durant les guerres et catholiques entre elles ». C’est par ces termes sans nuances que dans une de ses chansons, Jacques Brel désigne les nationalistes flamands. Si ces propos outranciers ne correspondent guère à une réalité historique bien plus complexe, ils sont révélateurs des traditionnelles tensions existant entre Flamands néerlandophones et Wallons francophones.
À l’issue de la Première Guerre mondiale, et après avoir chassé les Bolcheviques, les Russes blancs et les corps francs allemands, les Baltes réussissent à s’imposer sur la scène internationale et à échapper à l’emprise de Moscou. Les traités de Tartu (en février 1920), de Moscou (en juillet) et de Riga (en août) permettent respectivement la reconnaissance de l’Estonie, de la Lituanie et de la Lettonie par la Russie soviétique. Les États Baltes indépendants sont reconnus par le Conseil suprême interallié en janvier 1921, puis admis à la Société des Nations (SDN) la même année.
« Tels étaient les membres de cet « entourage » que la propagande adverse dénonçait comme un
ramassis de traîtres, de mercenaires, d’aventuriers. Mais, eux, soulevés par la grandeur de la
tâche, se serraient autour de moi pour le meilleur et pour le pire. »
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre
« L’Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité
et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle
constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du travail, de la famille et
de la patrie. Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu’elle aura créées ».
Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940. Acte unique.
Au début de l’été 1940, l’annonce de l’Armistice en métropole jette l’Empire colonial français dans un profond désarroi. La plus grande incertitude règne quant à un possible ralliement de régions entières à la « dissidence » déclarée par le général de Gaulle, ou simplement la poursuite de la guerre aux côtés des alliés britanniques.
Convoitée pour les formidables richesses dont elle regorge et pour sa position géographique promettant d’importants débouchés vers l’immense marché chinois, l’Indochine est conquise par les Français, après une dure campagne militaire contre les armées des empires annamite et chinois, à la fin du XIXe siècle.
Le milieu de l’été 1940 est marqué par les débuts de la « guerre parallèle » tant désirée par le chef de l’Italie fasciste, Benito Mussolini, qui souhaite à la fois profiter d’une victoire allemande qui lui semble acquise et, dans le même temps, ne plus rester dans l’ombre des succès de son puissant allié. C’est naturellement sur les théâtres africain et balkanique que la quête de gloire doit avoir lieu.
Hitler n’a pas l’ambition d’un Guillaume le Conquérant. Sincère admirateur de l’immense empire forgé par le peuple anglo-saxon, donc germanique, et n’ayant jamais désespéré de parvenir à une entente avec la Grande-Bretagne sur un partage du monde, le Führer n’a en aucun cas eu la volonté politique d’envahir la Perfi de Albion. Son but est de la pousser en dehors de la guerre, non de la terrasser.
La première partie de cette histoire est bien connue : à Londres, le 10 décembre 1936, le roi Edouard VIII signe son acte d’abdication après seulement 325 jours de règne ; il renonce au trône pour pouvoir épouser Mrs Wallis Simpson, une Américaine qui s’apprête à divorcer pour la seconde fois. Le successeur d’Edouard est son frère cadet Albert, dit « Bertie », un jeune homme timide et bégayant, aussi peu préparé que possible à ses nouvelles fonctions, et dont personne ne peut soupçonner qu’il deviendra le plus grand monarque britannique du XXe siècle. Pour l’heure, la première initiative du nouveau roi George VI est de nommer son frère aîné « Duc de Windsor », avant que celui-ci ne traverse discrètement la Manche à bord d’un destroyer pour rejoindre sa dulcinée sur le continent.
Comme l’a montré Yann Mahé, les plans de débarquement en Angleterre semblent avoir eu
des fonctions de propagande, y compris à l’usage des Allemands eux-mêmes, plus qu’ils ne
refl ètent des intentions militaires réelles.
Les preuves d’une absence de toute velléité hitlérienne de débarquer en Angleterre abondent, non
seulement dans ces inconsistants plans d’attaque, mais dans les journaux et mémoires des officiers
allemands, l’une des remarques les plus signifi catives étant due au général Warlimont, qui dirigeait
la section « opérations » de l’OKW (Oberkommando der Wehrmacht) : « Jamais auparavant et
jamais par la suite nous ne jouîmes d’une aussi grande liberté dans la préparation d’une opération, mais
jamais non plus nos chefs, y compris Hitler, ne nous manifestèrent aussi peu d’intérêt 1. »
Or, si Hitler avait une habitude, c’est bien celle de se mêler de la planifi cation des opérations
militaires, depuis qu’en février 1938 il s’était adjugé le commandement de la Wehrmacht.
Entre vie de satrape, servilité politique, incompétence militaire et quête permanente d’honneurs et de gloire, portait « au vitriol » d’Hermann Göring à l’heure de la bataille d’Angleterre…